L’émergence de la classe moyenne au Brésil

Les pays émergents BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) connaissent une croissance économique très élevée depuis ces dernières années. Malgré des inégalités encore élevées il y a une augmentation du revenu par habitant, notamment pour les personnes en bas de la hiérarchie. Le coefficient de Gini, indicateur qui mesure les inégalités de revenu dans le pays s’est amélioré au Brésil, passant de 0,60 en 2000 à 0,54 en 2009. « Entre 2003 et 2011, près de 40 millions de personnes sont sortis de la pauvreté (dont 10 millions rien qu’en 2010 et 2011). En 2011, 105 millions de brésiliens (soit 55% de la population du pays) formaient ainsi la classe moyenne, avec un revenu familial moyen compris entre 515 euros et 2225 euros par mois (au taux de change annuel moyen de 2011). » Cela a entraîné des modifications sur la répartition des classes sociales de ces pays. De plus en plus de personnes de la classe défavorisée font désormais partie de la classe moyenne.

La classe moyenne au Brésil représente alors un marché essentiel et un grand potentiel pour les entreprises. En effet, il s’agit d’une importante hausse du pouvoir d’achat. Les ménages ont plus de revenus, et peuvent donc consommer plus. Il est important de noter certaines spécificités du fonctionnement de ce nouveau marché. Nous allons aborder deux points particuliers.

  • Tout d’abord la consommation de biens durables connaît le dynamisme du premier achat. Effectivement, une partie de la nouvelle classe moyenne a maintenant accès pour la première fois à des produits de type électroménager, informatique… Cette forte augmentation de la demande permet de stimuler ces marchés.
  • Deuxièmement, la consommation brésilienne se fait principalement à crédit. Au Brésil, tout peut s’acheter à crédit, qu’il s’agisse de biens immobiliers, de voitures, d’électroménager, mais aussi d’électronique, de vêtements, de chaussures, de jouets pour enfant… Si certaines fois, l’achat en plusieurs fois se fait sans frais supplémentaires, pour la grande majorité des cas les taux d’intérêts exercés sont très élevés. Ce mode de consommation a connu une hausse, et représente presque le double de la France : « Les encours ont été multipliés par six entre 2003 et 2011 et représentent désormais plus de 22% des dépenses de consommation réalisées dans le pays – un ratio supérieur à ceux observés dans les pays de l’OCDE (13% en France). » Si la consommation brésilienne connaît un essor important, il faut aussi noter l’importance de l’endettement des ménages et des dangers que cela peut représenter.

Études de cas : le marché des cosmétiques

La consommation brésilienne de produits d’hygiène et cosmétique arrive en troisième position au niveau mondial après les États-Unis et le Japon. Lorsque les personnes de la classe défavorisée ont connu une hausse de leur revenu, la part de leurs dépenses consacrée au secteur des cosmétiques a fortement augmenté. En effet, prendre mieux soin de soi est synonyme d’évolution sociale. De plus, le Brésil est réputé comme le pays du « culte de la beauté» et de la chirurgie esthétique. Une étude a montré l’importance des dépenses que les brésiliens étaient prêts à consacrer dans ce secteur. Selon cette étude, 80% des brésiliens interrogés pensent que les dépenses en soins esthétiques et en produits de beauté représentent la meilleure manière de dépenser leur argent. Le dicton populaire brésilien « Nao existe gente feia, existe gente pobre » (qui peut se traduire par « Il n’y a pas de personnes laides, il y a seulement des pauvres ») permet d’illustrer ce phénomène. Néanmoins, il convient de mettre cette expression dans le contexte brésilien, 26% des la population brésilienne en 2011 vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cela signifie que de nombreux brésiliens n’ont pas accès à des produits de consommation basique et à des soins basiques (médical, dentaire…).