Faire des affaires au Brésil, quelles sont les particularités culturelles ?

Le Brésil, malgré une récente récession, reste une grande puissance économique mondiale. En effet, ce pays possède d’immenses ressources naturelles, de nombreuses industries et une classe moyenne qui commence à accéder à la société de consommation. Cela représente des opportunités professionnelles pour les entreprises françaises qui souhaitent exporter ou s’implanter dans ce pays.

Le Brésil et la France, sont tous les deux des pays de culture latine, mais cependant avec de grandes différences culturelles. Il faut alors en tenir compte lorsque l’on souhaite vendre ses produits ou ses services au Brésil. En revanche, le Brésil étant un pays-continent, il est également important de distinguer de nombreuses différences culturelles entre les régions. Les régions du sud et sud-est ont été particulièrement influencées par l’immigration européenne et ont par conséquent une plus forte proximité culturelle avec les pays européens.

Nous allons voir quelques spécificités générales de la culture brésilienne, chaque région ayant ses propres particularités.

Premièrement, nous allons analyser les différentes matrices de Geert Hofstede de la France et du Brésil. La matrice de Geert Hofstede prend en compte six indicateurs : la distance hiérarchique, l’individualisme, la masculinité, le contrôle de l’incertitude, l’orientation long-terme et l’indulgence de la société.

  • Distance hiérarchique

    Tout d’abord l’indice de la distance hiérarchique est élevé pour les deux pays. Cela signifie que chacun de ces deux pays ont « une facilité d’acceptation de l’inégalité des classes sociales ou de l’inaccessibilité des classes moyennes inférieures vers une ascension sociale. » De plus, le respect de la hiérarchie est très important pour la France comme le Brésil, et ceci au détriment de la prise d’initiatives. Au Brésil, malgré l’ambiance décontractée, les formules de politesse telles que « sim, doutor » ou « sim, senhor » sont fréquemment utilisées lorsqu’on s’adresse à son supérieur.

  • Individualisme

    La notion d’individualisme correspond à un fort degré d’autonomie dans un groupe, ce qui se caractérise par « le besoin d’avoir du temps pour sa vie personnelle et de la liberté dans le travail ». La France possède un fort indice d’individualisme et retrouve ces valeurs. Par opposition, le Brésil, comme la majorité des pays pauvres ou en voie de développement possède un faible indice d’individualisme et est considéré comme une société collectiviste. Dans les sociétés collectivistes, comme le Brésil, l’esprit de groupe est valorisé.

  • Masculinité

    Un indice élevé correspond à des valeurs dites masculines : de compétition et de réussite, « l’essentiel est d’être le meilleur« . Un indice faible correspond à des valeurs dites féminines : de qualité de vie, de faire attention aux autres, « l’essentiel est d’aimer ce que l’on fait« . Le Brésil a un score intermédiaire, et la France est plutôt considéré comme une société féminines. Les deux indices sont très proches.

  • Contrôle de l’incertitude

    Cet indice prend en compte la capacité d’une société à gérer un avenir incertain. Le Brésil et la France ont tous les deux un score élevé. Cela se caractérise par un système juridique important et complexe. Les règles permettent alors de mieux contrôler l’avenir.

  • L’orientation long-terme

    Cet indicateur permet de voir comment les sociétés maintiennent leurs liens avec leur passé tout en devant gérer le présent et l’avenir. Un indice faible signifie que le pays donne de l’importance aux traditions et est plus sceptique face aux changements. La France, avec un score assez élevé est considérée comme une société pragmatique, plutôt tournée vers l’avenir. En effet, les français investissent dans l’éducation et ont un fort taux d’épargne afin de préparer l’avenir. Le Brésil a un taux intermédiaire.

  • L’indulgence

    Il s’agit de la manière dont est gérer le contrôle des désirs et des pulsions. Une société dite sévère, avec un indice faible cadrera ce contrôle par des règles et des normes. Alors qu’une société dite indulgente, avec un indice élevé, aura plus facilement tendance à accepter l’assouvissement des désirs humains. Le Brésil possède un score de 59, et est donc plutôt considéré comme une société indulgente, alors que la France a un score moyen. Cela se traduit par un optimisme beaucoup plus fort au Brésil qu’en France.

Les indicateurs de Geert Hofstede permettent d’avoir une tendance globale de la culture brésilienne et de comparer ces caractéristiques à la culture française. Nous allons maintenant voir d’autres aspects fondamentaux de la culture brésilienne qui sont très différents de la culture française.

  • Gestion du temps

    Le Brésil a un rapport au temps totalement différent de la France. En effet, si en France, on est ponctuel que ce soit pour des rendez-vous d’affaires ou pour des respecter les délais préalablement fixés, ce n’est pas le cas du Brésil. Les brésiliens ont une approche du temps qualifiée comme organique : « les choses se font si elles doivent se faire, à un rythme qui tient compte des personnes et des incontournables aléas : transports, imprévus familiaux, manque d’argent, inondations, grèves, obstacles bureaucratiques… ». Ce manque de ponctualité doit donc être pris en compte dans les relations interculturelles, et doit être considéré comme une particularité de la culture brésilienne et non comme un manque de respect.

  • Évitement des conflits

    Les brésiliens fuient le confit, cela implique qu’ils ne disent jamais clairement non. Ils n’aiment pas la contradiction, le rapport de force. Par exemple, au sein d’une entreprise, un brésilien n’émettra pas de critiques envers son manager, qui lui-même aura du mal à donner un retour négatif à son employé. Par ailleurs, chaque projet au Brésil parait « merveilleux », « chacun assure qu’il fera le maximum pour le concrétiser et réussir […] même s’il a des doutes ou des convictions inverses ». Pour les français travaillant ou faisant des affaires au Brésil, il faudra s’adapter, analyser et aller au-delà de cette première impression superficielle du « tout va bien ». De plus, malgré le climat convivial et sympathique, il faudra se montrer très diplomate pour débattre et exprimer son désaccord afin de ne pas bloquer les négociations.

  • Vie professionnelle et vie personnelle

    Le Brésil fait partie des cultures appelées « polychroniques », c’est-à-dire possédant un rapport au temps flexible et mélangeant au sein d’une même journée différents moments comme le travail, la famille et les loisirs. Si les français mettent une barrière entre la sphère professionnelle et privée, cela n’est pas le cas des brésiliens. Il est alors commun que les brésiliens commencent les rendez-vous professionnels par des sujets personnels tels que la famille ou le football. Ce premier contact sera jugé important par les brésiliens. Par ailleurs, les brésiliens sont généralement très tactiles, cela fait partie de leur mode de communication. Le contact physique (tape dans le dos, accolade..) est fréquent contrairement aux cultures anglo-saxonnes.

  • Le « jeitinho »

    Roberto da Matta, anthropologue brésilien définit le « jeitinho » comme « une pratique sociale destinée à résoudre les conflits, apte à rendre compatibles des intérêts et à créer des alternatives originales pour chaque situation problématique, et à assouplir les processus de décision ». Les brésiliens ont une grande capacité d’adaptation, ce qui leur permet de se débrouiller malgré divers problèmes. Le « jeitinho » utilise la créativité, la débrouille et la ruse pour se sortir d’une situation compliquée. Ainsi toute situation qui peut paraître bloquée, ne le sera pas forcément.

Malgré une apparente proximité culturelle avec la France, le Brésil possède ses propres codes culturels qu’il convient de déchiffrer lorsque l’on fait des affaires avec ce pays.

Sources

http://geert-hofstede.com/brazil.html
http://journaldesgrandesecoles.com/les-cles-pour-bien-reussir-son-expatriation-au-bresil-suite
http://culturespro.blogspot.fr/2014/02/a-interculturidade-uma-aventura-de.html
http://www.communicaid.fr/formation-interculturelle/tag/faire-des-affaires-au-bresil/
http://www.mylittlebrasil.com.br/management-interculturel-bresil/
http://www.mylittlebrasil.com.br/approche-comparative-du-management-francais-et-bresilien/
http://businessinternational.fr/faire-du-business-au-bresil-rendez-vous-negociation-et-divertissement
http://www.economiematin.fr/les-experts/item/3530-conseils-export-amerique-sud-bresil
http://www.awex.be/fr-BE/Infos%20march%C3%A9s%20et%20secteurs/Infosmarch%C3%A9s/Br%C3%A9sil/Pages/Approchedumarche.aspx
http://culturespro.blogspot.fr/2013/04/enquete-interculturelle-sur-le.html
http://www.academia.edu/4238278/Approche_comparative_entre_le_management_francais_et_bresilien
http://asl.univ-montp3.fr/e41slym/culture_gestion/BRESIL_culture_et_gestion.pdf
https://www.youtube.com/watch?v=KGLMW2W9pSA
Approche comparative entre le management français et brésilien, Elizabeth Borginho
http://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/management/expatriation/0203758031620-france-bresil-des-codes-professionnels-tres-eloignes-103191.php#
http://www.cadremploi.fr/editorial/international/sommaire/detail/article/travailler-au-bresil.html
http://www.cadremploi.fr/editorial/international/sommaire/detail/article/travailler-au-bresil.html
https://www.justlanded.com/francais/Bresil/Guide-Just-Landed/Affaires/Le-savoir-faire-des-affaires
http://www.bresil.com/culture/presentation.html
http://www.tour-du-monde-autostop.fr/carnet_de_bord-details.php?id=68
http://www.comprendreetappliquersuntzu.com/2010/02/bresil-o-jeitinho-brasileiro.html http://www.atelier.net/trends/articles/bresil-valorisation-sociale-de-innovation-encourage-desir-entreprendre_427601